Lettre BFC Banque Privée n°10

INFORMATION & CONSEIL EN GESTION PATRIMONIALE N ° 1 0 MAI 2019 Éd i t o r i a l LETTRE B F C B A N Q U E P R I V É E B o u r g o g n e F r a n c h e - C o m t é VOS BÉNÉFICIAIRES p2 LA SITUATION SUR LES MARCHÉS p3 BRÈVES p4 L'OCDE (Organi- sation de Coopéra- tion et de Dévelop- pement Économique), dans son rapport présen- té à Bercy le 9 avril der- nier, a estimé que les ré- formes mises en œuvre par le Gouvernement français auront pour ef- fet une augmentation de 3,2 % du PIB par habitant à horizon de dix ans. Second satisfecit de l’OCDE à l’égard de la France : la transformation du Crédit d'im- pôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse de charges et la réponse apportée jusqu'à présent aux « gilets jaunes » vont dans le bon sens : « Le gouvernement a abaissé les coûts de la main d'œuvre et augmenté la prime d'activité pour les personnes faiblement rému- nérées, ce qui contribuera à l'amélioration de leurs situations sur le marché du travail et de leurs revenus disponibles ». L’OCDE n’en critique pas moins le manque de détermination de l'exécutif français à baisser la dépense publique. Il s'agit d’un domaine majeur, dans lequel la France peut mieux faire : « L'am- pleur des dépenses publiques nécessite d'im- portants prélèvements obligatoires qui limitent la capacité des entreprises à créer des emplois et incitent moins les individus à travailler ». Ces incertitudes hexagonales ne dissuadent pas les investisseurs étrangers de se tourner vers la France, ce qu’ils ont fait, en 2018, à un niveau jamais égalé depuis dix ans. En effet, le nombre de décisions d'investissement par des sociétés étrangères y a augmenté l'an dernier de 2 % par rapport à 2017. Selon les chiffres publiés par Business France, organisme public chargé de l'internationalisation de l'économie tricolore, il a atteint un total de 1 323 décisions. Les réformes menées depuis deux ans auraient, semble-t-il, amplifié une tendance constatée dès 2014, cette accentuation étant due aux me- sures, prises en 2017, en faveur de la réduction du coût du travail et de la fiscalité du capital. Néanmoins, si les investisseurs étrangers re- gardent plus volontiers du côté de la France, c’est aussi parce qu'ils commenceraient à dé- tourner leurs yeux d’autres pays, notamment de la Grande-Bretagne : un effet « Brexit » est visible. On note par exemple une hausse de 33 % des projets d'investisseurs en prove- nance d'outre-Manche. Ce constat est parti- culièrement accentué dans le secteur financier où 40 % des projets d'investissement sont bri- tanniques.Toutefois, les États-Unis sont restés les premiers investisseurs internationaux en France l’an dernier (18 % du total), devant l’Al- lemagne (14 %). Néanmoins, il semble que ces investissements étrangers soient relativement peu créateurs d’emplois. Ce développement français, globalement posi- tif, ne saurait masquer des incertitudes qui de- meurent prégnantes. En janvier, par exemple, le FMI avait abaissé de 3,7 % à 3,5 % sa prévision de croissance mondiale pour 2019. Il l’a de nouveau fait le 9 avril, prenant en compte le choc subi ces derniers mois par les échanges commerciaux mondiaux, la poursuite du ralentissement en Chine et certains signes de dégradation de la conjoncture aux États-Unis et dans la Zone Euro. Selon lui, 70 % de l'économie mondiale devrait, en conséquence, ralentir en 2019, ce qui l’a conduit à ramener son anticipation de croissance annuelle à 3,3 %. La Federal Reserve, dans ce contexte, a confirmé la modération dont elle entend faire montre ces prochains mois : tant que l’inflation n’augmentera pas de manière significative aux États-Unis, les taux di- recteurs américains devraient donc conserver leur niveau actuel. Quant à la BCE, elle a décidé, le 10 avril, de maintenir ses taux directeurs « au moins jusqu'à la fin 2019 ». Sans s'engager sur des mesures de soulagement pour les banques dès à présent, elle ne l’exclut pas si les condi- tions économiques se dégradent. En dépit de ces signaux mitigés, la bourse de New-York flirte toujours avec ses records his- toriques, inscrits en 2018. Les investisseurs pa- raissent confiants, eu égard aux chiffres de l’em- ploi publiés en mars, plus solides qu’attendus, ainsi qu’à la perspective de l’accord commercial avec la Chine. Cependant, la date de celui-ci ne cesse d’être repoussée. Alors que Donald Trump a affirmé début avril que « quelque chose de vraiment monumen- tal » pourrait être annoncé prochainement et a prétendu que 90 % de l'accord seraient bouclés, l’Administration américaine a rapidement tem- péré son enthousiasme, précisant que certains points dirimants sont encore en négociation. Le pétrole, de son côté, a poursuivi son « ral- lye », touchant la barre des 70 $ le baril à la mi- avril, sur fond de violents combats en Libye qui pourraient désorganiser la production du pays. Mais les tensions libyennes n'expliquent pas à elles seules ce rebond du brut. Les cours sont aussi portés par le recul volontaire de la pro- duction des quatorze pays membres de l'Opep et de leurs dix alliés menés par la Russie, des- tiné à soutenir les prix. L'Arabie saoudite, par exemple, a notablement refermé les vannes, avec une production inférieure à dix millions de barils en mars comme en avril. Cette stratégie a généré un environnement difficile pour les ac- teurs désireux de maintenir des prix plus bas, en particulier Donald Trump qui doit faire face à un prix du carburant aux États-Unis au plus haut depuis 2014. Ce bilan contrasté ne paraît pas de nature à dessiner une tendance haussière durable, tout au moins à court terme, sur les marchés finan- ciers. Certes les indices actions ont-ils forte- ment rebondi depuis le début de 2019 mais il existe, au fond, peu de moteurs à une hausse pérenne, les prévisions de croissance mondiale ne cessant de s’effriter. À la BPBFC, cette série de constats nous semble davantage favoriser les investissements obligataires ce trimestre et engager à attendre des fenêtres d’investissement plus favorables pour revenir aux marchés actions. Dans ce contexte, la Gestion sous mandat a allégé ses positions et détient par exemple, à la mi-avril, 30 % de liquidités sur les portefeuilles dyna- miques et les PEA. Marc CHEYNET DE BEAUPRÉ Directeur de BFC Banque Privée

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