PAROLES
D ' EXPERT
Avec un encours d’en-
viron 1 630 Milliards
d’euros à fin janvier
2017 (source Fédé-
ration Française de
l’Assurance), l’assu-
rance-vie a toujours
le beau rôle de pla-
cement préféré des
Français, en grande
partie pour ses réelles
souplesses de fonc-
tionnement et sa fiscalité toujours très avan-
tageuse.Cette fortune est investie autour de
80% sur les Fonds Généraux (Actif Général en
euro de chaque Compagnie d’Assurance,com-
posé majoritairement de dettes souveraines et
d’obligations d’entreprises). Mais Fonds Géné-
raux de moins en moins généreux…
En effet, les années 2015 et 2016 ont accentué
très fortement la tendance amorcée depuis
les années 2000, à savoir une baisse régulière
des performances brutes des Fonds en euros
des Compagnies. Très rares sont celles qui
ont dépassé, sans artifice ou contrepartie, les
3 % bruts en 2016, les baisses d’une année sur
l’autre se chiffrant sur certains contrats anciens
jusqu’à - 0.70 %. Et compte tenu tout à la fois
du discours plus qu’incitatif des autorités de
tutelles des Assureurs-Vie (ACPR notamment)
et du contexte de taux longs bas qui perdurera
encore au moins les deux prochaines années,
Il est évident que cette diminution des
performances n’est pas terminée…
Une fois ceci rappelé à l’oreille de l’épargnant,
il convient impérativement de s’intéresser
à la seconde poche qui peut composer
l’encours d’un contrat d’assurance-vie (ou
de capitalisation, son proche « cousin »),
à savoir celle des Unités de Compte.
En effet,par nature,tout ce qui n’est pas placé
sur le Fonds Général l’est obligatoirement en
Unités de Compte,quels que soient sa forme
et son univers d’investissement (marchés
actions ou obligataires via des Sicav ou Fcp,
Opcvm basés sur les indices nationaux ou
internationaux, sur des fonds sectoriels
ou flexibles par exemple, des supports
immobiliers, des produits structurés…)
Alors,quid du risque que prendrait utilement
le détenteur en acceptant une part investie
en Unités de Compte ?
Pour dédramatiser ce point, illustrons-le
par un calcul sommaire : à quelques frais
de gestion et prélèvements sociaux près, il
faudrait qu’un épargnant qui diversifie son
contrat « en Bourse » à hauteur de 20 %,
voit cette partie baisser de 35 % in fine pour
que le placement global reste étal à l’issue de
15 ans (avec une hypothèse de 1 point net
de rendement annuel sur le Fond Général).
Suivi et arbitrages réguliers, potentiellement
automatisés,doivent certainement permettre
d’éviter ce piètre résultat qui naturellement,
ne satisferait personne !
20 % de diversification en Unités de
Compte sont la base d’une transformation
d’un « ancien » contrat mono-support en
contrat multi-support, depuis le vote de
l’Amendement Fourgous en 2005 (loi n°
2005-842du26juil.2005)qui,aveclemaintien
de l’antériorité fiscale du contrat d’origine,
permet de dynamiser raisonnablement
un contrat dont la baisse de rentabilité se
poursuivra immanquablement.
Ceci évidemment en respectant la sensibilité,
l’âge, et le profil du souscripteur (rappelons
que l’Autorité des Marchés Financiers
classifie les épargnants, et que celui ou celle
qui consent jusqu’à 1/3 d’Unités de Compte
reste un épargnant « Prudent » selon l’AMF).
Tous nos contrats multi-supports modernes
proposent des options de gestion, le plus
souvent gratuites, telles que la sécurisation
des plus-values issues des Unités de Compte,
à l’inverse la dynamisation des intérêts du
fonds en euros, la diversification progressive
des supports choisis…
Et le plus efficient, pour des contrats dont
le montant dépasse 30 000 euros, sera
de déléguer la gestion financière de son
enveloppe assurance-vie aux Equipes de
Gestion Sous Mandat, qui vont arbitrer
régulièrement les sommes placées grâce à un
mandat d’arbitrage, selon le profil déterminé
avec le souscripteur-assuré. Et là, il ne s’agit
plus seulement des Opcvm du Groupe mais
bien d’une architecture ouverte proposée
aux clients de la Banque Privée.
Si du point de vue de la transmission de
son patrimoine, le souscripteur doit revoir
la clause bénéficiaire de son contrat selon
certains événements (union, séparation, décès
du conjoint, naissance d’enfants ou de petits-
enfants), il doit en être de même pour le suivi
financier de son contrat.Au moins une fois par
an, il conviendra pour lui de se poser avec son
conseiller la question de la bonne allocation
des sommes selon, bien sûr, ses objectifs
fondamentaux (épargne longue, diversification
des avoirs, transmission, appui d’un projet),
son appétence ou au contraire son aversion
au risque, les montants en jeu, son âge et sa
situation personnelle. La durée moyenne de
détention d’un contrat d’assurance-vie est de
l’ordre d’une quinzaine d’années.
Les épargnants les plus jeunes qui, autour
de 30 ou 40 ans (souscrire au plus tôt étant
le mieux au regard des aspects fiscaux que
nous ne pouvons développer ici), regardent
l’assurance-vie comme un moyen d’épargne-
retraite sur 25 à 35 ans, doivent prendre
conscience dès le départ de la nécessaire
proportion d’Unités de Compte que doit
comporter cette épargne.
Ainsi en va-t-il du PERP (Plan d’Epargne
Retraite Populaire), qui non seulement
propose mais incite à une gestion pilotée des
supports selon l’horizon d’investissement
(date de départ théorique à la retraite, ndlr).
Et il est important de noter ici que les
investissements réguliers (mensuels ou
trimestriels) de sommes, même modestes,
auront un effet pertinent de « lissage » du
risque sur les supports dits « financiers ».
Bien que quelques épargnants doutent
encore du fait que souscrire une assurance-
vie ne leur mettre un pied dans la tombe,
nous leur rappellerons avant de nous quitter
que le souscripteur-assuré est bel et bien
vivant et a tout intérêt à une implication
de plus en plus personnalisée dans le suivi
financier de cet outil d’épargne, par essence
de long terme.
Il peut être source de frustrations diverses
que de laisser « dormir » son contrat
d’assurance-vie, alors réveillons-les ensemble !
Et si le bonheur était dans les UC ?
De l’usage financier d’un contrat d’assurance-vie…
BANQUE POPULAIRE BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ − BFC BANQUE PRIVÉE
MAI 2017
LETTRE N°4
E X P E RT
Fabien PERRAUDIN,
Ingénieur Patrimonial